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L'élection de Silvio Berlusconi

l'arbre de la mafia, qui ne cache pas la forêt de la régression politique

L’élection de Silvio Berlusconi au poste de président du Conseil italien est bien représentative de l’époque de régression historique que nous traversons.
L’homme de la mafia italienne accède au pouvoir sans générer l’indignation qu’un néo-fasciste devrait susciter.
C’est la “Démocratie” nous chanteront ceux qui voulaient nous faire accepter les inacceptables élections de candidats FN.
Seulement voilà :
la Démocratie, ce n’est pas la dictature d’une majorité manipulée par les télés et l’argent d’un patronat ultra-libéral et souvent totalitaire.

Que vaut une majorité acquise malhonnêtement ?

La Démocratie c’est d’abord et in fine le service des droits de l’Homme, sans lesquels aucune majorité ne peut se prétendre légitime.

Le suffrage universel n’est qu’un outil pour construire des compromis politiques ; il n’est pas une fin en soi.
Etre majoritaire n’a jamais empêché quelque famille politique que ce soit d’avoir tort.

La maîtrise des grands médias privés donne à la droite un avantage illégitime.
La centralisation des moyens financiers est une atteinte grave aux principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité ; elle est également le moyen par lequel la droite et l’extrême droite faussent le résultat des élections.

Que vaut une majorité acquise au Sénat, une institution construite pour demeurer à droite quoi qu’il arrive ?

Une majorité de dirigeants et de cadres politiques de gauche ont vu l’accession de gourous d’extrême droite au pouvoir, en Italie et en Autriche, comme une opportunité pour ces pays de se vacciner contre leurs tentations obscurantistes.
Ces esprits complaisants ont la possibilité de mesurer leurs erreurs.
Le feront ils ?
Rien n’est moins sûr !
Les mêmes ont vu le FN mourir plusieurs fois ...
Lors de la scission Le Pen / Mégret, c’était sûr le FN ne s’en remettrait pas, ou en tout cas nous serions tranquilles pour de nombreuses années.
Les mêmes aujourd’hui croient le problème du FN enterré, alors que le temps joue déjà pour lui.
La fin de l’escroquerie Sarkozienne profitera inévitablement au FN.
La crise “économique” renforcera les réactions régressives.
La peur du chômage associée à des conditions de travail et de rémunération toujours plus dégradées ne pourront produire qu’une nouvelle croissance électorale du FN.
Oui, une large partie de l’Italie est fasciste.
Les saluts fascistes, dans les rangs des militants du maire de Rome récemment élu, suffiront ils à ouvrir les yeux de ceux qui ont systématisé la complaisance à l’égard de cette famille politique ?
Oui, une partie de la France est néo-pétainiste ; oui dans la patrie des droits de l’Homme les racistes sont majoritaires.

Alors, il serait peut être temps d’appréhender en termes rationnels la construction des stratégies électorales de la gauche, en Europe et au delà.

Ce n’est pas d’une gauche en plastique, à l’américaine, dont l’Humanité a besoin.
Nous avons besoin d’une gauche qui ne soit pas discréditée dans le monde ouvrier.
Une gauche qui ne regarde pas le chômage comme un outil susceptible d’accroître la compétitivité des entreprises françaises en abaissant le coût du travail.
Une gauche qui ne regarde pas les fonctionnaires, (son électorat !), comme un mammouth à dégraisser.

L’échec de la gauche italienne, c’est surtout l’échec d’une gauche conformiste ;
une gauche qui n’a pas voulu lutter sincèrement contre le Chômage ;
une gauche qui préfère perdre les élections plutôt que de créer les millions d’emplois de Services Publics dont notre pays a besoin ;
une gauche fière de ses erreurs.
Ce ne sont pas les cendres du Blairisme léguées aux travaillistes anglais qui risquent de nous convaincre que le néo-libéralisme constitue l’horizon indépassable d’une gauche consciente de ses responsabilités.
Un échec, c’est l’occasion de méditer.
Préparer une politique qui valorise réellement le travail implique d’accepter l’augmentation de son coût.
Redistribuer prioritairement aux actionnaires, les richesses créées par les salariés, c’est de fait dévaloriser le travail, aux yeux de ceux qui l’effectuent.
Recourir à la mise en concurrence des esclaves chinois avec les salariés européens n’est pas le moyen de construire le progrès économique dont tout pays a besoin.
C’est une manière de faire croire que les intérêts des salariés chinois pourraient être opposés à ceux des salariés occidentaux, alors qu’il n’en est rien. La construction de solidarités, internationales ou nationales, bien comprises génère plus de richesses que la mise en concurrence n’est en capacité de le faire.
La mise en concurrence joue sur la peur des salariés : la peur de perdre son travail, la peur de voir son niveau de vie baisser.
Ne pas comprendre que cette peur a un coût politique, c’est être dangereusement naïf ; c’est sur la peur que reposent tous les totalitarismes.

La gauche de gouvernement ne retrouvera pas le pouvoir sans reconstruire sa crédibilité sur le terrain économique.
Dans un pays développé comme le notre et doté d’un minimum d’espaces démocratiques, il n’y aura pas de développement économique maîtrisé, sans contreparties en matière de justice sociale.